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Mon enfant souhaite prendre des cours de manga

Quartier Japon

Dernière mise à jour : 1 févr. 2022

Fin 2017, une journaliste du journal "Le Monde des Ados" me propose de répondre à quelques questions, pour permettre de donner des arguments à Amélia, une jeune lectrice désireuse de suivre des cours de manga, pour l'aider à convaincre ses parents réticents, qui ont une image peu flatteuse du manga.

L'échange ci-dessous reconstitue les questions posées et reprend l'article publié dans "Le Monde des Ados N°377 de décembre 2017"

Le Monde des Ados : Que pouvez-vous dire à Amélia pour l'aider à convaincre ses parents ?

Stéphane : Amélia, ton père n'est pas à l'aise avec ce type de littérature car il ne retrouve pas les codes classiques de la BD et de notre société occidentale.

Peut-être a-t-il du mal à se remettre en question, comme la plupart des adultes! Alors, voici quelques clés de compréhension de l'univers manga qui éveilleront, peut-être, sa curiosité.


Les mangas présentent un monde différent, celui de la culture japonaise : les divinités sont partout, les hommes communiquent avec les éléments naturels, il n'y a pas de frontière entre le monde des morts et celui des vivants. Les gens semblent gentils et libres. Le respect des anciens est primordial. Cet univers vous fascine car il casse les codes que vous connaissez. Il vous permet d'entrer dans un monde de tous les possibles, qui surprend sans cesse, contrairement au monde occidental beaucoup plus rationnel. Le monde des mangas vous attire car les repères sont à créer et vous y avez une place.

C'est normal que ton père soit dubitatif, car ce monde lui échappe. Alors, invite-le à lire des mangas mais aussi à découvrir la calligraphie, l'origami et la culture japonaise. montre-lui qu'au-delà de tes lectures, tu apprends de cette tradition des valeurs d'entraide, la concentration, la persévérance, un nouveau code graphique. Bien sûr, les mangas ne sont pas des manuels scolaires, mais ces supports vont éveiller la créativité et peut-être te donner envie d'approfondir cette culture. Enfin, mieux vaut se plonger dans un livre que de se vautrer devant la TV avec un smartphone à la main. Non ?

Juin 2019, face à ce que je vois les mercredis et les samedis chaque fois que je visite les classes de notre formation de mangaka, et surtout face à l'évolution des dessins des participants mais aussi face à leur ouverture et à leur progressif épanouissement tout au long de l'année, je demande à plusieurs élèves et à leurs parents de répondre à quelques questions, pour avoir leur point de vue sur les cours de manga qu'ils suivent / qu'ils permettent de suivre à leurs enfants.

QJ : Comment votre fille, Elsa, est venue au manga et aux cours de Quartier Japon ?

C. & O. C. : Elsa n’est pas originaire d’une famille d’artistes mais on a détecté très tôt son talent pour le dessin. A Pau, où nous habitions avant de venir en Île-de-France, nous l’avions inscrite à l’atelier de dessin « Comme un pinceau dans l’eau ». Les cours étaient dispensés par Sylvain Brosset, dessinateur, illustrateur, coloriste et auteur de BD (Corneil & Bernie). Elsa a commencé à apprendre les bases du dessin et a beaucoup progressé.

Arrivés en Île-de-France, nous avons voulu retrouver une école équivalente en termes de qualité d’enseignement et d’ambiance. Nous avons fait des recherches sur Internet et nous avons trouvé une école de dessin dans une commune proche de notre domicile. Après un cours d’essai, Elsa n’a pas souhaité s’y inscrire car cette école donnait des cours de dessin purement académique, la convivialité n’était pas au rendez-vous.

Après quelques jours, le hasard nous a fait pousser la porte du magasin « La Palette du Faubourg », à côté de la place de la République à Paris, pour l’achat de matériel de dessin. Nous avons demandé alors à la personne qui nous a accueillis si elle ne connaissait pas une école de dessin pour les ados. C’est à ce moment-là que nous avons entendu parler du Quartier Japon et de David. Nous avons inscrit Elsa pour un cours d’essai. Elsa a tout de suite adhéré car elle retrouvait ce qu’elle avait connu à Pau : apprendre dans la bonne humeur.

Concernant le manga, au départ, ce n’était pas quelque chose à laquelle nous avions pensé. Nous recherchions pour Elsa un cours de dessin plus « traditionnel », car Elsa souhaitait s’orienter vers des études de graphisme. Mais finalement, après ces années de cours de manga, on peut affirmer que les bases et les techniques sont les mêmes que pour des dessins plus classiques. Certaines règles sont universelles : la perspective, les ombres et lumières…

QJ : Au fil des années de cours de manga chez Quartier Japon, vous avez constaté une évolution chez Elsa ?

C. & O. C. : Après avoir découvert les cours de Quartier Japon, Elsa avait davantage envie de dessiner à la maison pour mettre en application les conseils donnés par David.

Avec le recul on peut constater qu’Elsa a gagné en confiance et en autonomie. Elle s’est ouverte car il y a beaucoup d’échanges entre les élèves pendant les cours mais également au moment d’organiser leur présence sur différents salons (Japan Expo, festival de Limours). D’ailleurs, Elsa a réalisé des portraits manga sur les salons suite aux commandes passées par des visiteurs. Ca lui a permis, en plus de gagner quelques euros, d’apprendre à « se vendre » et à reconnaître ses progrès.

QJ : Qu’est ce qui fait que les cours et David, dans sa façon de faire, apportent aux élèves ? Comment ça se traduit ?

C. & O. C. : On peut dire que David est un professeur doué d’une grande pédagogie, disponible pour ses élèves, très encourageant et toujours d’excellente humeur.

Sa joie est d’ailleurs communicative. On a pu constater qu’Elsa a fait d’énormes progrès grâce à ses précieux conseils et sa connaissance des techniques du dessin. Les progrès d’Elsa se remarquent aussi dans sa scolarité puisque sa moyenne en arts plastiques est excellente, c’est très important pour elle, car elle souhaite s’orienter vers une école d’art après son BAC.

En l’absence de David, des intervenants assurent les cours. Elsa les apprécie également car ils apportent une autre vision, des connaissances complémentaires (scénarios, maîtrise des couleurs, aquarelles…). Ils partagent aussi leurs expériences, leurs parcours professionnels aux élèves, c’est très enrichissant.

En conclusion, pour les autres parents : si, comme nous au départ, vous avez des doutes, ou peut-être des craintes pour certains, « d’enfermer » vos enfants dans ce style spécifique qu’est le manga, ils peuvent être rassurés, ce n’est pas le cas. Ils pourront s’adapter à tous les styles de graphisme.

QJ : Concernant la formation de mangaka, son organisation et notamment le fait de faire intervenir d’autres intervenants en plus de David, tu aurais quelque chose à nous dire ?

E.C. : J’adore qu’il y ait des remplaçants, car cela apporte la diversité : diversité des techniques, des discussions... Cela apporte des choses que l’on ne voit pas forcément avec David (David est le référent de la formation de mangaka et des activités manga de Quartier Japon). Des fois, ce n’est pas David qui anime pendant plusieurs semaines, mais je crois que c’est bien. Par cette organisation, on voit plein de choses diverses pendant les cours, qui n’ont pas forcément trait au manga. Cela nous permet de dépasser un peu l’idée que l’on peut avoir du manga : par exemple, avec les cours et les intervenants spécialisés dans le scénario, ils nous permettent de travailler sur autre chose de plus large que le manga, sur le texte…

Et puis, c’est aussi une ambiance différente : on s’entend bien avec les remplaçants, ils nous apportent toujours quelque chose. Cela nous permet de voir un autre style que celui de David. On peut donc voir d’autres styles, d’autres choses plus larges que le manga, ce qui nous permet de voir ce que l’on souhaite faire nous-mêmes.

QJ : D’un point de vue personnel, les cours t’apportent quelque chose ?

E.C. : Prendre des cours sur plusieurs années, cela permet de voir notre propre évolution en même temps que la progression des autres participants.

Au niveau perso et psychologique, j’ai beaucoup changé ; même au niveau du comportement, j’ai beaucoup changé. Que de bonnes choses ! Une évolution dans le bon sens !

QJ : Qu’aurais-tu à dire à quelqu’un qui voudrait prendre de cours et qui ne connaîtrait pas Quartier Japon ?

E.C. : Il va forcément apprendre sur le dessin et sur le manga, voir plein de techniques différentes. S’il a des aprioris, des clichés sur le manga, cela va disparaitre : il va voir que c’est différent que ce qu’il imaginait. Sur le plan perso, sa mentalité va changer, sur le dessin, sur le manga, sur le monde en général.

Ce n’est pas comme les autres cours académiques, dans lesquels on fait ça, on voit telle technique du dessin à une heure définie par avance. Pendant les cours de Quartier Japon, là on fait autre chose, c’est moins barbant. Il y a de la discussion, un échange, du professeur vers les élèves du cours et les élèves tirent quelque chose de la part du prof : des conseils, quelque chose pour évoluer... C’est lié au fait que David soit sympa et qu’il n’est pas un prof directif. Il dit bien sûr si quelque chose dans nos dessins, dans nos planches ne va pas. Il le dit mais pas que cela, il le dit mais à sa façon, de façon douce et bienveillante, ce qui va faire que l’on change. C’est réellement un plus, que d’avoir un prof investi et rayonnant ! On sent que c’est un pilier de notre progression et notre évolution !

Il y a aussi des discussions entre les élèves eux-mêmes : on se dit ce qui peut être amélioré dans notre dessin, on se parle des mangas de chacun, des mangakas que l’on connaît et que l’on aime. Grâce à ces échanges, cela crée une amitié plus forte entre nous.

QJ : Qu’est-ce qui fait que David vous aide à progresser ?

E.C. : Dans sa façon de faire : son caractère, sa personnalité. Il est toujours de bonne humeur, il veut que l’on progresse, il est fier que l’on progresse.

Si ce n’est pas bien ce que l’on fait, il le dit mais d’une façon accueillante et cela nous permet de mieux comprendre nos erreurs et nos points faibles. Par rapport à la première année quand je suis arrivé à la formation de Quartier Japon, par rapport à maintenant, j’ai plus confiance en moi. Avant, quand je voyais dans mes dessins quelque chose qui ne me plaisait pas, avant, je le jetais. Mais maintenant, je me dis « ah, je vais retoucher ça et ça… », je ne le jette plus. Maintenant, je suis plus confiante, plus honnête vis-à-vis de moi tout comme je peux dire les choses aux autres.

J’ai remercié David, parce qu’il m’a aidé à changer ! Pendant les premiers cours, j’étais au fond de la salle, toute seule et sans parler à personne. Et David est venu vers moi pour regarder mon dessin et me dire « ça, c’est bien… ». D’autres filles, qui participaient au cours, aussi sont venues pour voir ce que je faisais et elles ont regardé mes dessins. Ca aussi, ça m’a aidé à m’ouvrir

Bonjour, je m’appelle Fabienne, maman de Yann, élève à Quartier Japon en formation Mangaka depuis l’âge de 10 ans. A propos de la formation Mangaka !, c’est avant tout un esprit. Un esprit d’équipe associé à un art de vivre que Dao (le mangaka) distille en permanence à ses élèves et ça marche.

C’est comme si, ils avaient créé un univers qui leur soit propre et dans lequel ils peuvent rire, travailler, échanger, s’épanouir, faire des erreurs sans aucune contrariété extérieure. Là-bas, ils sont dans leur cocon et s’y sentent bien. En dehors du fait que Yann a énormément profité des enseignements riches et variés de la formation, il n’a pas été élu lauréat 2018, ni remporté le prix « Jeune Talent » et le prix du public de sa ville (Rosny sous Bois) par hasard ; c’est tout simplement le résultat d’un parcours assidu au sein de l’équipe mangaka représentée par David et ses confrères.

Pour être tout à fait claire, elle est pour Yann sa deuxième maison, là où on est content de rentrer. En tant que maman, je remercie également Stéphane (administrateur de Quartier Japon) et toute son équipe pour leur accueil chaleureux et la qualité de leur travail. Bonne continuation à vous tous,

Je vous recommande +++

En plus de mon témoignage, je vous propose de petit mode opératoire (ou fiche technique) de la formation mangaka, comme je peux en établir dans mon travail pour mes automates de laboratoire (déformation professionnelle ?)





QJ : Comment es-tu venu au manga et aux cours de Quartier Japon ?

Y.T. : Au début, de base, j’aimais le dessin, cela me plaisait. Puis, j’ai participé à un atelier de manga (en juin 2013) chez Miki House (magasin japonais de vêtements pour enfant, à Paris)et cela a super accroché avec David, qui animait cet atelier (David est le référent de la formation de mangaka et des activités manga de Quartier Japon). C’est pour cela que j’ai voulu continuer. J’aimais déjà beaucoup le dessin, plus jeune, et j’avais fait une longue pause pendant laquelle je ne dessinais plus. Quand il y a eu l’atelier chez Miki House, ma mère m’en avait parlé. Comme cela m’avait plu et que j’avais accroché avec David, j’étais ensuite venu à un stage chez de manga, l’été, chez Quartier Japon. Cela aussi m’avait plu et j’avais ensuite pris des cours de manga à l’année.

A présent, si je regarde mes dessins d’avant, je trouve que c’est moche, mais j’ai aussi l’impression de progresser. Au début, dans la formation de mangaka chez Quartier Japon, c’était plus une activité, comme une autre : j’aimais bien le dessin. Par la suite, c’était aussi l’ambiance des cours et des groupes. Et il y a eu ensuite de la compétitivité avec Alex et d’autres élèves du cours : dessiner pour être premier aux concours, parce que les autres avaient un bon niveau et je voulais faire aussi bien et même mieux qu’eux ! A présent, je vois qu’il peut y avoir un avenir avec ça, la formation de mangaka. Déjà, je vais faire une seconde puis un bac « arts appliqué » et cela me permettra de m’ouvrir à des choses pour mon futur. J’ai déjà fait une exposition et il y a aussi les projets de Quartier Japon, comme le fanzine, un stand en convention pour Japon Expo, …, qui nous présentent aussi le côté professionnalisant du manga. De pouvoir participer à des projets comme ceux-là, c’est un plus par rapport à d’autres cours dans d’autres écoles. On peut ainsi progresser pendant les cours, tout en pouvant rentrer dans une démarche presque professionnelle, tout cela entre amis, avec des personnes que l’on apprécie. Ca donne envie de se dépasser.

QJ : D’un point de vue personnel, les cours t’apportent quelque chose ?

Y.T. : J’ai commencé quand j’étais petit, à 10 ans, donc, je n’avais pas d’ambition nette par rapport au futur. Je ne me projetais pas dans le futur. Désormais, participer aux cours de manga depuis 6 ans, cela m’a pas mal forgé et c’est devenu naturel, pour moi, de venir le samedi. Les amis des cours de manga, c’est devenu une sorte de mini famille. Je les retrouve chaque samedi, je fais quelque chose qui me plaît et je me donne au maximum pour faire quelque chose qui m’apporte et qui correspond à mes rêves : le moi d’aujourd’hui serait complètement différent de celui qu’il aurait été si je n’avais pas découvert Quartier Japon et le manga.

QJ : Concernant les cours, leur organisation, tu aurais quelque chose à nous dire ?

Y.T. : Ce ne sont pas des cours académiques. Les cours sont super, au sens où pendant les cours, on étudie beaucoup de choses mais on n’est pas là assis, à écouter un prof. Ce sont plus qu’un simple cours, où on serait à apprendre, assis de la part d’un prof. : on n’est pas coincé, on vit le cour. Les cours sont très vivants. En plus, David emmène avec lui les élèves dans des conventions, ce qui apporte un plus. Parfois, d’autres intervenants que David, viennent faire les cours et cela nous apporte un flux d’informations. Car ces autres intervenants ont chacun une spécialité, un univers différents de celui de David. Le fait que l’on progresse, pendant les cours, provient de ce que l’on est là, non pas parce que l’on est forcé, on ne subit pas la chose, les cours, comme à l’école. On est aux cours de manga parce que l’on a envie d’y être, on est content.


Article paru initialement le 10/06/2019



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