Mieko MIYAZAKI
Joueuse de koto, compositeur (en France depuis 2005)
LE KOTO. Les origines
Importé de Chine au VIIIème siècle sous le nom de Zheng, le koto est l’instrument emblématique japonais. Sa structure de cordes tendues sur une longue caisse de résonance le classe dans la famille des cithares de l’Asie de l’Est. Il est joué dans les premiers temps à la cour impériale de Chine puis adopté par les moines musiciens dans les temples Bouddhistes. Peu à peu, il se popularise et devient l’instrument traditionnel du Japon.
Bien que le koto existât avant Kengo YATSUHASHI (1614-1698), on doit à celui-ci la première pièce écrite pour cet instrument. En effet, les compositions antérieures se transmettaient oralement car le gouvernement avait restreint la profession d’interprète musicien aux seuls aveugles. C’est avec les compositions de Kengyo YATSUHASHI « Rokudan », « Hachidan », « Midare» que la musique du koto prend naissance.
En 1639, le gouvernement japonais ferme le pays aux étrangers. A l’abri des invasions et des conflits internes, la culture traditionnelle japonaise puise dans ses propres racines et s’en enrichit. La musique du koto dite « Sokyoku » se développe en se démarquant de la musique de théâtre et de celle jouée dans les maisons closes. Le koto acquiert alors une dimension spécifique et singulière et devient un instrument à part entière. Lorsqu’en 1854 le Japon ouvre le pays aux étrangers, le koto est rapidement influencé par la musique occidentale. La musique de Sokyoku se métamorphose au début du XXème siècle grâce au compositeur impressionniste et rénovateur, Michio MIYAGI.
LE KOTO. L’ère moderne
Michio MIYAGI perd la vue à l’âge de sept ans. A neuf ans, il débute l’apprentissage du koto selon la pratique traditionnelle des musiciens aveugles et atteint le niveau de maîtrise dès l’âge de 12 ans. Sa première pièce « Métamorphose de l’eau » composée à 14 ans, fréquemment jouée, est aujourd’hui encore considérée comme l’œuvre fondatrice du Sokyoku contemporain. Grandement influencé par la musique occidentale, Michio MIYAGI s’inspire de la musique vocale européenne dans ses compositions d’un style impressionniste exacerbant la sensibilité et l’expression.
La musique japonaise ne possédant pas de notion de « basse continue », Michio MIYAGUI invente le « Jushichi-gen »(sorte de koto basse à 17 cordes) grâce auquel il est à même d’enrichir ses compositions. Il enregistre «Haru No Umi » (Mer au Printemps) composé en 1921 avec la violoniste française Renée Chemet. Cette œuvre majeure du répertoire classique japonais sera distribuée au Japon, en France et aux Etats-Unis.
Un grand nombre de ses compositions marque l’histoire de la musique japonaise, telles ses œuvres pour formations orchestrales composées d’instruments japonais et ses pièces de concert pour chœur mixte et orchestre de kotos.
Après la deuxième guerre mondiale, la dynamique du mouvement contemporain, principalement présent dans les pays occidentaux, exerce une grande influence sur la musique du Koto. Sa sonorité mystérieuse et sa facilité d’accord séduisent les musiciens occidentaux. Les compositeurs intègrent le koto dans les pièces contemporaines : cet instrument jusqu’alors simple instrument folklorique d’Asie de l’Est est désormais présent sur les scènes internationales.
Site de Mieko : http://www.miekomiyazaki.com/
Article paru initialement le 07/02/2013
Commentaires