Sophie/ Il existe au Japon un pèlerinage bouddhiste, aussi célèbre que l’est le Chemin de Compostelle en Europe. Il relie en une boucle 88 temples sacrés de l’île de Shikoku sur près de 1 200 kilomètres pour la version « de base », 1 400 km si on ajoute les 20 temples secondaires.
Le chemin suit les traces du moine érudit Kōbō Daishi (aussi appelé Kûkai), natif de la région et fondateur du bouddhisme ésotérique Shingon.
Depuis plus de 1 200 ans, les habitants de l’île accueillent et accompagnent les pèlerins (appelés henro), avec une vénération et une générosité sans limite. A Shikoku, il y a une coutume ancestrale, le osettai, comme une marque de solidarité envers le pèlerin via de petits présents (un fruit, une boisson, un billet…) et l’hospitalité. Pour les habitants de l’île, c’est un acte de vertu, une façon de participer au pèlerinage.
D’ailleurs, le pèlerin porte une tenue bien identifiable : une veste blanche (hakue), un chapeau de jonc (sugegasa) et un bâton de pèlerin, le kongôzue, comme l’incarnation de Kûkai qui accompagne le henro tout le long du chemin.
A chaque temple, on peut faire signer son carnet de pèlerin (le nôkyôchô) ce qui permet d’avoir un certificat de pèlerinage à la fin.
Le pèlerinage se fait seul ou en groupe, à pied, en voiture, en vélo, en bus, en taxi… Peu importe le moyen, le chemin est le but.
Le marcheur est devenu rare même si il y en a de plus en plus ces dernières années, notamment des étrangers dont beaucoup de français. Il faut entre 45 et 60 jours pour joindre les 88 temples puis revenir au temple de départ, pour boucler la boucle.
En une fois ou par section, dans un sens ou dans l’autre, il y a autant de façons de cheminer que de pèlerins. A chacun sa motivation, juste marcher ou se purifier spirituellement, rendre hommage à un proche disparu, se ressourcer. Il est toutefois recommandé de suivre un minimum les règles de conduite dans les temples (bien expliquées dans le guide mentionné ci-dessous) et de respecter la foi des autres pèlerins.
Les meilleures saisons sont le printemps et l’automne, pour éviter le grand froid, la canicule et les typhons.
Ce voyage est une méditation personnelle pour la paix de l’esprit et l’harmonie universelle. Il est sans fin.
J’ai fait le pèlerinage à l’automne 2017, seule et à pied, j’en ai rapporté de merveilleux souvenirs et quelques photos, publiés au Editions Sully.
J’ai découvert ce pèlerinage au hasard de mes lectures. Bouddhiste et amoureuse du Japon, ce voyage était fait pour moi.
Marcher au long cours est une belle expérience, le temps est suspendu et le seul objectif de la journée est d’arriver à son point de chute. A Shikoku, il y a beaucoup de bitume et de plat, avec une douzaine de passages difficiles. Avec le guide en poche et quelques mots de japonais à son actif, c’est très facile. Il faut marcher à son rythme, et honnêtement c’est jouable, ce qui n’empêche pas les ampoules et les courbatures.
Si vous aussi vous êtes tentés par l’aventure, retrouvez moi sur ma page Facebook, je serai ravie de répondre vos questions.
Si vous avez peu de temps, vous pouvez faire le pèlerinage en voiture, ou juste la première portion, il faut compter 10 jours à pied.
En attendant, je vous recommande de visiter ces sites :
http://www.omotenashi88.net/fr - association NPO (Network for Shikoku Henro Pilgrimage and Hospitality
http://www.tourismshikoku.org/henro/ - organisation pour la promotion du tourisme à Shikoku
http://www.shikokuhenrotrail.com - site de Dave Turkington, en anglais, une mine d’or pour préparer son voyage.
Et avant de partir, achetez le guide indispensable pour cheminer au quotidien en toute tranquillité, il est juste parfait.
Shikoku Japan 88 Route Guide de Tateki Miyazaki, Naoyuki Matsushita, David C. Moreton (5ième édition, 2018) - vous pouvez l’acheter en France, chez Junku.
Et comme on dit en japonais : Gambatte !
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