Aurore, Présidente du Daikokuten Dôjo
Les arts-martiaux font partie intégrante de la culture japonaise. A ce titre, ils sont le reflet des valeurs, des modes de pensées, d’apprentissage et de la transmission nippones.
L’Aïkido fait partie des arts-martiaux et entrer dans cette pratique permet de s’ouvrir à un autre environnement. Comprendre le milieu dans lequel s’inscrit cette discipline, c’est entrer dans son langage, ses codes, ses racines, ce qui est source d’enrichissement.
Dans ce cadre, notre Dojo (Daikokuten Dojo) a choisi de se rapprocher de Quartier Japon pour offrir à tous la possibilité de découvrir d’autres pratiques et aspects de la culture nippone.
A ce jour, nous avons ainsi suivi des cours de Furoshiki, de Calligraphie, de Cuisine et d’Ikebana.
L’idée à l’origine de ce partenariat avec Quartier Japon est de faire découvrir aux élèves une manière de penser. Chaque année, nous travaillons en effet sur une thématique dans notre Dojo et je souhaite que mes élèves entrevoient les points communs de l’enseignement de Sumikiri (notre forme d’Aïkido) et les autres disciplines japonaises. Par exemple, cette année 2016, j’ai accentué le travail sur la notion « d’équilibre » dans nos entraînements et nous avons aussi abordé cette notion selon un autre angle, celui de l’ikebana.
Ce qui me plaît beaucoup dans les ateliers que Quartier Japon propose, au-delà de l’activité elle-même, ce sont les témoignages, les explications sur la pédagogie japonaise ou encore la manière de penser l’espace, le temps, les relations. Mes élèves retrouvent exactement les mêmes choses que dans Sumikiri mais dit autrement.
En effet, au-delà des aspects culturels, les arts-martiaux proposent à ceux qui les pratiquent dans une juste compréhension, de se réaliser au travers de l’enseignement d’une Voie. Le Do est la Voie. A chacun de trouver le chemin qui lui correspond le mieux et qui lui permettra de se réaliser. Il s’agit d’une quête, d’une recherche, d’une voie de construction. Mais sur cette Voie, on peut aussi faire de belles rencontres et cheminer avec des compagnons de route. C’est ce que sont nos partenaires.
Dans un monde qui demande toujours plus de performance, de vitesse, d’efficacité, de compétitivité, Sumikiri propose une pause, un moment où chacun peut revenir à l’essentiel, se centrer, prendre le temps, faire des rencontres improbables dans un esprit dénué de jugement. La bienveillance offre un cadre d’apprentissage apaisé et loin des agitations de la vie extérieure.
Le travail de l’Intériorité nécessite un environnement sans pression. Dans la pratique de Sumikiri, il n’y a pas de grades. L’évolution de chacun se fait par rapport à lui-même sans comparaison avec un Autre, car tout le monde a le droit d’avancer à sa vitesse. Il ne s’agit pas d’une course où le meilleur est récompensé.
Le travail sur l’égo est au cœur de notre discipline. Souvent les gens sont en quête de reconnaissance et non de réalisation. Ils cherchent honneur et gloire au travers de récompenses mais oublient la responsabilité que cela induit.
Pratiquante de plusieurs arts-martiaux et surtout ancien officier de la Marine Nationale, le mode hiérarchique m’est très familier. Mais pour moi les grades ne sont là que pour faire fonctionner une organisation. Il incombe aux plus gradés d’être justes, bienveillants, exemplaires et faire les choses avec abnégation pour le bien de l’ensemble.
Les arts-martiaux offrent un état d’esprit. Sumikiri s’applique à tous les instants de la vie. Si l’on veut faire les choses correctement, c’est très exigeant, tout autant que de s’entraîner physiquement sinon plus encore. Mais la bulle dans laquelle nous évoluons permet à chacun de faire son chemin.
Article paru initialement le 09/05/2016
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