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  • Quartier Japon

« Le pinceau parle » 3ème partie Qui tient le pinceau ?

Dernière mise à jour : 30 mai

Souvent, les participants aux ateliers de calligraphie me demandent si la personnalité de chacun transparaît dans ses calligraphies, comme c’est le cas pour l’écriture. Il est en effet généralement admis que l’écriture révèle la personnalité de celui qui écrit.

Bien sûr, comme pour l’écriture, je devine souvent un tempérament bien posé du calligraphe derrière ses traits, quand ceux-ci sont bien ancrés sur le papier.

 

Mais cela n’apparaît généralement que dans les calligraphies réalisées en fin d’atelier. Car leurs premières calligraphies sont plutôt « entravées » par leur mental, qui tient le pinceau et qui empêche, ainsi, le lâcher-prise du calligraphe et, par conséquent, à la véritable personnalité de s’exprimer. Le « manager » oriente et occulte ainsi l’expression de ses « ouvriers ».

 

Ces « ouvriers », finalement, qui sont-ils et comment se manifestent-ils ?

 

Précédemment, nous avons reconnu à la fois que surviennent des imperfections dans les traits calligraphiés, en même temps que ces mêmes calligraphies reflètent parfois le tempérament du calligraphe. Autant de conséquences involontaires, au sens où elles ne résultent pas d’actions délibérées, décidées par le mental de la personne qui les a calligraphiées.

Cela échappe au contrôle du mental, comme si une autre partie en soi aurait pris les rênes de notre corps, pour le faire se mouvoir selon son bon vouloir. Une partie en soi-même que nous ne connaîtrions pas, sur lequel notre mental n’aurait pas prise et qui pourrait se manifester justement à l’occasion de ces lâchers prise. Un cheval sauvage dont le mental en serait la plupart du temps le cavalier !

 

Mais comment faire passer cette sensation aux participants aux ateliers de calligraphie ; cette sensation d’un autre que soi qui écrit à notre place ?

« Tu peux leur expliquer que la calligraphie, c’est une sorte de yoga », me conseilla l’une de nos élèves, pratiquante de la calligraphie depuis près de dix ans.

Comme pour le yoga, l’important c’est que l’énergie circule avec fluidité et ne soit pas entravées, retenue en un endroit de notre corps puis dans nos traits, qui manquent alors de fluidité.

Cette énergie en chacun, c’est elle qui nous fait être en vie et qui nous amène à réaliser toutes nos actions. Cette énergie, trop souvent comprimée, entravée, et dès lors source de troubles, de maladies et que nous tentons de désentraver par des activités telles que le yoga ou d’autres activités faisant intervenir le plus souvent le corps.

La calligraphie est, en ce sens, souvent considérée comme une activité zen par bon nombre de personnes, au sens où elle aide justement à une libération et à une circulation fluide de l’énergie en chacun.

 

Cette énergie, justement, quelle est-elle ?

 

Selon la conception asiatique, cette énergie en nous-mêmes rassemblée, proviendrait de l’ensemble de nos échanges avec notre entourage, humain ou non. Que nous soyons avec d’autres personnes ou seuls, nous sommes toujours dans un environnement, au sein d’un ensemble composé de nombreux éléments, naturels, minéraux, végétaux, animaux, humains…

De nos interactions avec celui-ci, une quantité énergétique pénètre notre enveloppe corporelle, pour essayer ensuite de retourner hors de notre enveloppe, vers notre environnement.

 

Elle fait donc se mouvoir notre corps et elle est la matière active à l’origine de notre activité intellectuelle, dans une activité disons quotidienne, mais également elle est à l’origine de ces intuitions et de ces fulgurances qui peuvent surgir de façon non réfléchie et sous une forme qui s’impose à nous, pour nous faire prendre telle ou telle décision et nous faire faire tel ou tel choix souvent impromptus et décisifs pour notre évolution personnelle.

 

Cela nous vous est-il jamais arrivé de prendre une décision « sur un coup de tête », sur une intuition, qui s’est ensuite révélée décisive sur votre évolution ?

 

A de nombreuses reprises, je me suis ainsi retrouvé submergé par une « évidence », qui m’apparaissait soudain, pour m’indiquer ce que j’avais à faire ; bien sûr sans que cela ne fût auparavant le fruit d’une quelconque réflexion.

 

Cependant, pour que ce type d’intuition puisse naître, elle n’émerge que d’un état intérieur calme, apaisé ; pas sous tension. Un interrupteur électrique, quand il est en position « on », il ne peut pas être en « off ».

Et cet état intérieur apaisé, il est le fruit d’une relation de symbiose entre soi et son environnement : quand on n’a pas d’objet de tension, quand on n’est pas sous le joug d’une pensée, d’une action à devoir accomplir, …, notre corps et d’autant plus notre mental ne mettent alors pas de tension entre nous-même et notre environnement. Au contact de ce qui nous entoure, notre corps est ainsi « touché » et donc « éveillé » par des stimuli, qui en quelque sorte le nourrissent.

 

Au hasard d’une rencontre comme d’une promenade ou autre, il nous est tous arrivé d’être soudain touché par quelque chose de notre environnement, puis de nous faire cette réflexion « Pourtant, je passe devant chaque matin, mais c’est bien la première fois que je le remarque… ».

 

La calligraphie, au même titre que le yoga ou d’autres activités, est une pratique qui aide à cette circulation de cette énergie en notre corps, pour qu’elle se trouve ensuite exprimée à travers des traits calligraphiés, désormais hors de nous-même, à destination de notre environnement, mais aussi de notre mental, au sens où nous devenons conscient de ce que « nos ouvriers » ont réalisés.


Merci à Taeko Oshima, qui a réalisée cette calligraphie et qui m'a initié au monde de la calligraphie.


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