*Stéphane (Responsable de Quartier Japon)
Octobre 2020
Seconde vague de l’épidémie Covid 19, mise en place du couvre-feu parmi d’autres restrictions, impact sur les entreprises, sur les commerçants, sur au moins un proche autour de chacun : les conséquences de la crise sanitaire et systémique se rapprochent.
Tensions sociales et, au final à ce jour, surgissement de la barbarie en pleine de rue en Île de France, avec la décapitation d’un enseignant.
Le climat se tend et l’angoisse du présent et de l’avenir se renforce.
Insidieusement, même quand on tente de s’en défendre, notre corps se tend, nos sentiments se recroquevillent, notre capacité de jugement se restreint : nous sommes une éponge qui voit sa nature modifiée du fait de l’environnement dans lequel elle baigne.
Pourtant, nous avons cependant beau le savoir, essayer intellectuellement de ne pas suivre ce mouvement insidieux, point n’y fait ; nous ne pouvons qu’en constater les effets sur chacun d’entre nous.
Dans ce climat difficile, heureusement, la calligraphie japonaise peut nous aider à nous recentrer.
Depuis septembre, à l’occasion d’animation de différents ateliers autour de l’écriture du japonais et notamment de la calligraphie de son prénom, que j’anime à présent, chaque fois, cela a été l’occasion de vivre toute la force de la pratique de la calligraphie : quel excellent moyen pour aider chacun à faire retomber la tension en soi et à reprendre le contact avec son intégrité !
Au cours des ateliers, après un temps de présentation des différents systèmes d’écriture du japonais, puis de la découverte de la version de son prénom en katakana (syllabaire japonais servant notamment pour l’écriture de mots/prénoms non japonais), chaque participant s’essaye ensuite à la calligraphie de son prénom, en katakana.
Chaque calligraphie en amène ensuite une suivante, pendant environ 20-30 mn, chacune d’entre des calligraphies successives intégrant les conseils apportés pour essayer de réaliser une calligraphie finale « équilibrée », de laquelle se dégagera un sentiment de présence et d’harmonie.
Ce résultat, il est difficile à obtenir, d’autant que ce n’est, là, pas la volonté qui décide : c’est le corps qui agit et l’énergie qui circule au sein du corps, à travers le pinceau, jusqu’à se retrouver sublimée dans le trait de l’encre sur le papier.
Je ne suis là, à travers mon comportement et mes conseils, que comme un facilitateur, dont on prend, ou pas, ou peu, ou complètement, les conseils et suggestions que je propose aux participants calligraphes.
A la fin des ateliers, une fois les participants prêts à repartir avec leur calligraphie de leur prénom, qu’ils auront choisie comme la plus aboutie pour eux, tous nous sommes chaque fois pareillement surpris : quelle évolution dans leur calligraphie, en l’espace de seulement 20-30mn !
Chaque fois, cela aura été flagrant. Les personnes concernées, les premières, reconnaissent également qu’en même temps que les calligraphies dégageaient toujours plus d’harmonie et de présence, elles avaient ressenties en elles-mêmes, un sentiment de plus grande présence, une évolution intérieure.
D’ailleurs l’atmosphère de la pièce, dans laquelle se déroulent les ateliers, gagne elle-même en densité et bien sûr en calme. Une grande sérénité se dégage du lieu, des participants, de l’instant présent. Moi-même, je me sens empreint de sérénité, plus aligné et ancré dans l’instant présent.
Ainsi transformé en l’espace des 30mn – 2h que durent les ateliers, apaisé et confiant, je fais le lien avec les témoignages reçus des participants à nos cours mensuels de calligraphie : ces élèves, qui viennent depuis plusieurs années, et même ces nouveaux élèves suite à leur premier atelier de découverte, m’ont partagé tout ce que la pratique de la calligraphie leur apporte. L’une d’entre eux, je trouve, l’a particulièrement bien résumé dans cette formule : « la calligraphie, c’est un sorte de yoga de l’intérieur ».
Article paru initialement le 19/10/2020
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